Texte de Gabrielle publié sur son site

Malenbai

Par Gabrielle le jeudi 24 septembre 2009, 14:29 – Les porteurs d’espoir http://www.esperrance.org
Nous partons au coeur du désert du Thar à la découverte de l’association
Malenbai. A une vingtaine de kilomètres de Jaisalmer, la jeep quitte la route
pour une piste qui serpente à travers des étendues de sable et de cailloux
noirs où quelques arbustes défient le vent et le soleil. Cet immense plateau
s’achève brusquement pour plonger sur une vaste étendue de sable clair,
semblable à un morceau de lune égarée sur la terre… un lac asséché. Nous nous
arrêtons au seuil d’une grande bâtisse solitaire qui semble contempler
l’horizon.

Les fondateurs de Malenbai, Capucine et Pabu, nous accueillent autour d’un thé
de bienvenue et nous racontent leur histoire… Lors d’un voyage en Inde, cette
jeune Française part avec sa famille pour un safari en chameaux sous la
conduite de Pabu. Ils se reconnaissent et décident d’unir leur destin dans ce
désert où tous deux se sentent chez eux plus que partout ailleurs. Ils s’y
installent en dépit de toutes les difficultés d’ordre matériel mais surtout
culturel et social. La mixité de leur couple n’est pas acceptée au sein de la
société indienne, d’autant que Pabu est issu d’une caste parmi les basses, les
Bilhs, chasseurs par tradition.

Capucine et Pabu

Après trois années de persévérance, la maison qu’ils ont construite est devenue
un lieu d’accueil, suivant la tradition des habitants du désert. Les
agriculteurs des terrains environnants, les bergers de passage, tous ceux qui
le souhaitent y font étape. Ils viennent seuls ou en familles, partagent leurs
repas et la grande terrasse où chacun s’endort à la belle étoile après la
veillée.

Pabu est fier d’être Bilh, mais de nombreux autres ont perdu ce sentiment.
Originaires du Gujarat, ils ont été déplacés près de Jaisalmer pour mettre
leurs talents de chasseurs au service des Maharajas. Lors de cette migration,
ils ont perdu beaucoup de leurs coutumes et de leur artisanat. Aujourd’hui, la
plupart survivent en cassant des pierres pour les chantiers de construction, un
travail de forçat dévalorisant.

Capucine et Pabu veulent faire de leur différence une force pour aider
les Bilhs à se relever.
Ils se tournent d’abord vers l’agriculture :
ils investissent dans un tracteur qu’ils prêtent aux familles pour les inciter
à cultiver leurs terrains et forment des jeunes à la conduite. L’année
suivante, ils profitent de l’eau du lac et du prêt d’un générateur électrique
pour faire une culture de moutarde irriguée. De nombreuses familles participent
aux semences puis à la récolte. Autour de cette activité nouvelle, se
développent échanges et partages au rythme des chants qui accompagnent le
travail. Cependant, l’opération est déficitaire et, devant le caractère
aléatoire des récoltes, il faut trouver d’autres idées.

Suivant les conseils enthousiastes d’une amie, ils créent en août 2007
l’association Malenbai
du nom de la déesse du désert vénérée par les
Bilhs. Leur objectif est de faire revivre l’artisanat local,
véhicule de la culture et des racines que les Bilhs ont besoin de retrouver.
Les savoirs se sont tellement perdus que Capucine et Pabu peinent à retrouver
les quelques personnes qui les détiennent encore, une véritable chasse aux
trésors.

Ils découvrent un tisserand, cet homme d’un certain âge n’a plus la force de
casser des pierres et peine à faire vivre sa famille. La possibilité inespérée
de reprendre son métier d’origine le réjouit. Avec l’aide de Malenbai, il
rénove le vieux métier à tisser de son père et se remet au travail. Après tant
d’années sans pratique, il lui faut plusieurs essais avant de maîtriser à
nouveau la technique. Ces tapis sont tissés à partir de poils de chèvre liés en
corde que seuls quelques vielles personnes savent encore faire ; Pabu doit
faire parfois 80 kilomètres pour trouver les précieuses pelotes. La vie de ce
tisserand est transformée : la vente des tapis à Malenbai lui assure une source
de revenus, et surtout il a retrouvé sa fierté et la considération de ses
pairs. Lorsque nous lui rendons visite, toute la famille et les enfants nous
accueillent avec joie et curiosité. En dehors de Capucine, nous sommes les
premiers étrangers à venir chez eux.

Le tisserand et sa fille

Cette année, Malenbai renouvelle l’expérience avec une famille de potiers d’un
village proche. Pour gagner leur vie, ceux-ci délaissaient peu à peu leur tour
et partaient vers les carrières casser des pierres. La poterie devenait une
activité d’appoint et risquait à terme d’être abandonnée. Motivé par
l’opportunité de vivre à nouveau de son art, le potier nous montre les nombreux
modèles qu’il sait faire. Capucine et Pabu lui donnent des idées d’objets
s’inspirant des traditions rajasthanaises et susceptibles de plaire à des
touristes. Nous sommes surpris lorsque son fils de 15 ans le remplace au tour,
faisant déjà preuve d’un grand savoir-faire. La transmission est assurée.

Le fils du potier

En visitant les familles, Capucine rencontre des femmes qui confectionnent de
magnifiques broderies pour leur usage personnel. Avec quelques idées nouvelles
puisées sur les marchés ou dans leurs traditions, elles pourraient utiliser
leurs talents et rejoindre les artisans de Malenbai…

Les huttes

Parallèlement aux activités de l’association, Capucine et Pabu cherchent à
développer une activité qui leur permette de vivre dans ce désert, condition
essentielle pour poursuivre l’action de Malenbai. Peu à peu, ils forment le
projet d’accueillir des touristes désireux de découvrir et vivre le désert.
Lors de notre venue, Pabu vient d’achever la construction de cinq belles huttes
traditionnelles qui sont harmonieusement disposées face à l’immensité du lac
asséché. Il souhaite également mettre à profit son expérience de guide pour
proposer des safaris en dromadaires aux visiteurs.

Chamelier

Leur démarche est emprunte d’éthique et de solidarité dans la continuité de
Malenbai : ils ont à cœur d’intégrer dans leur projet les artisans qu’ils
soutiennent en organisant des visites dans leurs villages afin que les
touristes découvrent leur travail. Ils conçoivent cette nouvelle activité comme
une chance de partager leur passion et leurs connaissances de cet environnement
mystérieux, dur et généreux à la fois. Ce sera pour les visiteurs l’occasion de
s’immerger dans la vie du désert : partager les repas avec les bergers de
passage, à la nuit tombée écouter leurs chants en admirant la voie lactée,
dormir dans des huttes bercés par le souffle du vent…



Comment les aider ?

Ce projet touristique soutiendra l’action de Malenbai, et avec l’aide de la
déesse du désert, pourra rendre espoir à la caste des Bilhs. Capucine et Pabu
invitent chacun à venir leur rendre visite, une belle idée pour des vacances «
découverte ». Ils sont établis à 24 kilomètres de Jaisalmer, soit 30 minutes en
jeep. Ils cherchent des contacts avec des agences de tourisme solidaire afin de
se faire connaître.

Lors de ses visites annuelles en France, Capucine collecte des vêtements et
médicaments afin de les distribuer à ceux qui en ont besoin. Les dons
financiers sont également bienvenus.

Contact

Site : http://malenbai.canalblog.com
E-mail : [email protected]
Téléphone de Capucine : +91 9829552278
Téléphone de Pabu : +91 9602534344

Gabrielle

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